MILLÉSIME 2023 : quelques questions posées à notre vigneron, Matthieu Danglas, à chaud.
1/ Tout d’abord, est-ce que vous avez terminé les vendanges ? Est-ce que tout est enfin à l’abri ?
Le millésime 2023 était légèrement décalé cette année. Nous avons commencé les vendanges inhabituellement tard en ce qui nous concerne. Comme l’année dernière, le Gewurztraminer et le Pinot noir, deux cépages précoces pour notre région méridionale, ont été les premiers récoltés. Pour les autres cépages, nous avons attendus un peu plus afin que les raisins atteignent une belle maturité. En effet, le gel, la pluie, le froid et la sècheresse nous ont compliqué le travail et ont demandé beaucoup plus d’attention afin de parvenir au résultat que nous souhaitions.
2/ Premier verdict à chaud : tu en penses quoi de ce millésime 2023 ? Comment s’est déroulée l’année et comment trouves-tu le résultat (quantité et qualité) ?
On savait que cette année était compliquée, à tous points de vue. Au mois de mars et avril, nous avons subi pas mal de précipitations. Bien sûr, c’est une bonne chose, cela permet à la vigne de se développer sans pression, surtout pendant la période de la floraison. Mais c’est également porteur de maladie. Les plus pluies régulières ont compliqué la protection des vignes face notamment au mildiou. Puis l’année est devenue plus compliquée avec divers épisodes de grêles aux alentours, sans qu’on ne soit réellement touchés. De plus, les vignes ont souffert de la sécheresse.
Au niveau des maturités, on a eu plus de difficultés à trouver le moment optimal pour les vendanges. En effet, avec toutes ces variations de températures et d’épisodes météorologiques, il fallait rester très attentif et trouver le moment parfait (pour en savoir plus sur la détermination de la maturité des raisins, consultez cet article). Avec toutes ces complications, on a perdu, comme une grande partie des vignerons cette année, une bonne partie de la récolte mais la qualité est, quant à elle, très bonne. Les raisins sont plus concentrés, puisque moins nombreux sur la grappe, et on s’attend donc à un très bon millésime 2023.
3/ Qu’est ce qui est le plus complexe pour toi pour ce millésime 2023 ? La partie « vendange » ou la partie « vinification » ?
La partie vendanges, toujours. Mais cette année, avec les pertes que nous avons subi, tout s’est vraiment bien passé. Comme je le disais, il a fallu être un peu plus consciencieux sur la date des vendanges mais la quantité étant moindre, on a pu récolter tranquillement les grappes. Seule une petite pluie annoncée nous a un peu fait peur puisque c’est vraiment le moment où le raisins doit rester au sec mais plus de peur que de mal. Au niveau de la vinification, le travail aussi s’est très bien déroulé puisque la quantité de raisins qui arrivait était bien moins importante que les autres années. Cela signifie aussi moins de cuves à utiliser et à nettoyer pour nous.
4/ Pour expliquer à nos lecteurs : quelles sont les prochaines étapes pour toi en terme de vinification ? Qu’est-ce qui va occuper tes jours à venir en cave ?
En cave, la plupart des fermentations se terminent. On travaille encore délicatement les cuves pour lesquelles la fermentation n’est pas encore achevée (c’est-à-dire que tous les sucres n’ont pas encore été transformés en alcool). Mais surtout on attend désormais la fin des malo (‘fermentations malolactiques’), sur les rouges uniquement. Et il faut rester vigilant car l’automne arrive et les températures commencent à baisser. C’est plus pratique quand les fermentations se terminent avant qu’il ne fasse froid en cave et que les levures s’endorment. Dans le cas contraire, on est obligé de réchauffer les cuves, afin de garder le milieu favorable au travail des levures.
Une fois que les malo seront achevées, on pourra passer à l’étape des assemblages. Je suis très content de notre Minervois blanc. Il est dans la droite lignée des millésimes précédents, aromatique et équilibré, sans lourdeur. Depuis quelques années on reçoit de belles récompenses sur la cuvée Velvet blanc. Je pense que nos clients vont s’y retrouver complètement. En ce qui concerne le rosé 2023, c’est une vraie bombe de fruits et de fraicheur, avec une couleur qui correspond parfaitement aux attentes de nos marchés. Pour les rouges, il est encore tôt pour s’essayer aux assemblages. On fera bientôt quelques tests pour le Ohlala 2023.
5/ Par rapport à ta gamme, quand allons nous pouvoir gouter tes premières bouteilles de ce millésime 2023 ?
Dès début décembre pour le blanc et le rosé 2023.
Pour les rouges, nous ne sommes pas pressés, certainement pas avant l’année prochaine. On préfère les laisser évoluer tranquillement et les premières bouteilles devraient sortir au courant de l’été ou en septembre. On décidera tout cela le moment venu en dégustant le vin afin de définir si, oui ou non, il a besoin d’encore un peu de temps.
6/ Pour revenir à la vigne, maintenant que vous avez terminé les vendanges, quel va être ton travail sur les parcelles ? Que va-t-il se passer d’ici le début de la taille ?
On se prépare progressivement au passage du domaine en bio. On s’efforce d’améliorer le travail de nos sols, afin de les dynamiser au mieux. Par exemple, on essaie de labourer les parcelles rapidement après les vendanges, pour permettre aux sols d’absorber l’eau des pluies d’automne, et de se ressourcer naturellement. Après ça, on n’intervient plus sur le sol jusqu’au printemps. En ce qui concerne la taille, elle débutera au mois de décembre-janvier.
Pour en savoir plus sur le millésime 2023 dans l’ensemble, consultez cet article de Mon vin français